En quelques mots, l’aerochrome, c’est quoi ?
Je l’ai dit plus haut, il s’agit d’un film positif couleur, sensible à l’infrarouge : En gros, c’est un film qui perçoit un spectre lumineux plus important que œil humain. L’usage de filtre devant objectif permet d’afficher ses informations infrarouges sur l’image.
En réalité, c’est un film qui était utilisés, notamment, pour la cartographie aerienne. sa sensibilité à l’infrarouge permettant de mieux distinguer la végétation des structures et bâtiment. Quand toute la verdure devient rose vif, c’est en effet plus facile de distinguer ce qui n’est pas de la végétation : en effet, la lumière infrarouge est (surtout) reflétée par la végétation.
Bien évidemment, ce film technique à souvent été détourné pour des usages artistique, notamment dans la série de photo de Richard Mosse.
Cela reste cependant un film compliqué à shooter : Il faut prendre beaucoup de précaution dans l’installation de la pellicule, à faire dans le noir, notamment dans le cas de film 35mm, ne pas utiliser d’appareil ou de machine de développement munie de capteur infrarouge. Lors de la prise de vue, l’usage de filtres de couleur est obligatoire.
Pour ce projet, j’avais justement demandé l’aide de la compagnie Cokin et qui m’a fourni les filtres utilisés pour mes images. A défaut du filtre kodak Warten normalement préconisé, j’ai utilisé un filtre orange issu du kit pour photographie noir et blanc de Cokin, comme conseillés sur beaucoup de source pour l’aerochrome. Pour les photo, j’ai utilisé mon Pentax 6×7, un appareil tout manuel dépourvu de capteur infrarouge.
Bon, à la découverte des photos, je dois m’avouer déçu. Sur l’ensemble de mon rouleau, un large teinte rose, sans réellement d’autre nuance, et non les magnifiques couleurs aerochrome que j’avais en tête. J’avoue ne pas trop savoir ce qu’il s’est passé avec mon rouleau : La chimie E6 que j’avais préparé à développé sans soucis d’autres rouleaux de pellicule, et j’ai bien respecter les instruction. Mon hypothèse est que le rouleau a été voilé à un moment de son existence, ou bien que l’émulsion ait trop vieilli : Bien que congelé, la pellicule était périmé depuis 2011, et a subi plusieurs variation de température pendant ses transports. Un (long) travail des courbes sous Photoshop m’a permis de récupérer certaines images du rouleau, mais on est assez loin de l’expérience 100% argentique que j’avais imaginé.
A ce moment, je pense qu’on a établi qu’utiliser de l’aerochrome pour avoir ce rendu n’était plus une option aujourd’hui : les prix des derniers rouleaux sont astronomiques pour de la pellicule périmée, et leur provenance de plus en plus douteuse. Au dela de ça, le film est complexe à prendre en main, et l’erreur coûte très cher. Difficile de se faire la main sur plusieurs rouleau pour trouver une routine de travail.
Plusieurs solutions existent cependant pour tenter de s’approcher du rendu de l’aerochrome.
La première, argentique, nous vient de Lomography, avec la LomoChrome purple, un film négatif qui transforme le vert en violet, dont j’ai parlé plusieurs fois.
Sur la journée, j’ai également shooté un rouleau de Purple, dans des lumière similaire, avec un filtre orange.
Encore une fois, il aura fallu triturer un peu le fichier après scan pour obtenir le résultat escompté, mais c’est pour moi moins dérangeant avec un négatif qu’un positif. Un négatif n’est que le support d’information et les couleurs de base données par la Lomo Purple, après un scan et inversion neutre, permettent assez facilement d’émuler le rendu de l’aerochrome de manière crédible, même sans ujtliser de filtre, en poussant la balance des blanc de ton scan vers le jaune. Pour moi, ça reste la meilleure manière d’obtenir le rendu Aerochrome aujourd’hui sans se ruiner, et de la façon la plus « argentique possible ». Avec le filtre orange, le rendu est un peu différent, mais pas désagréable. L’avantage est aussi que, comme c’est un film négatif, c’est une pellicule qui pardonne beaucoup plus d’erreur, est facilement développable par ton labo de quartier et ne nécessite pas vraiment de précaution d’emploi.
Il existe une seconde solution, elle numérique, sous forme de plugin pour Lightroom qui transformeront tes photos numériques en version cheap de l’aerochrome : il est en effet impossible de créer des informations infrarouge qui n’existe pas. Les développeur ce ses plugin modifie juste le profil d’interprétation numérique des couleurs pour créer ces résultats. Ici, j’ai testé la version démo gratuite de RNI, sur des numérisation de négatif argentique. ça fonctionne bien, et c’est certainement le moins coûteux et compliqué pour reproduire ce look distinctif.
Enfin, si tu possède un appareil numérique préparé d’avance dont le filtre infrarouge à été retiré pour lui donner la sensibilité « full spectrum », un filtre existe pour recréer le look aerochrome directement dans ton appareil. Tu auras des liens en description, mais entre l’intervention sur un boitier numérique et le filtre, ce n’est pas la solution la moins couteuse, il faudra vraiment aimer ce look !
J’avoue ne pas trop savoir comment conclure : J’avais beaucoup d’attente sur ce rouleau, et je dois m’avouer non seulement déçu du résultat, mais également déçu de ne pas avoir compris ce qui a causé ce rendu. N’ayant pas ce second rouleau à disposition, je ne peux pas analyser ce qui a bien pu se passer. C’est un peu le soucis avec tout ces procédés et pellicules argentique qui disparaissent, on a en général qu’une seule chance de s’y essayer !