Débuter en photo noir et blanc avec la Ilford XP2

La Ilford XP2 est un film noir et blanc produit par Ilford. Il n'en a pas l'air comme ça, mais c'est pourtant une pellicule très particulière et unique en son genre...

J’ai récemment eu l’occasion de mettre ma main sur cette pellicule, que je voulais tester depuis un bon moment.

La Ilford XP2 Super est une pellicule qui cache bien son jeu : sous ses airs de film noir et blanc, c’est en réalité un film chromogène monochrome ! En clair, c’est une pellicule couleur sans couleur. Elle a la même formulation qu’une pellicule couleurs, la même fabrication chimique, elle se développe dans la même chimie C41… Mais elle donne des photos en noir et blanc !

Comme je te le disais en intro, il s’agit d’un film chromogène noir et blanc, et son fonctionnement chimique est très différent d’un film noir et blanc classique.

Dans un film noir et blanc classique, l’exposition du film à la lumière fait réagir les sel d’argent. Ceux qui ont réagit à la lumière sont transformé en argent solide sur le négatif, et les autres éliminé par l’action du fixateur. C’est ce procédé qui crée l’image sur le négatif.

La Ilford XP2 fonctionne elle comme un film couleur, ou chromogène.

Le procédé chromogène fonctionne différemment d’un film noir et blanc classique :

Une pellicule chromogène est composé de plusieurs couches émulsion photosensible, sensible à différentes onde du spectre lumineux (Bleu, qui se colore en jaune, Vert qui se colore en magenta, et rouge qui se colore en cyan, l’association des trois couches permettant de rendre l’ensemble des couleurs en négatif). Les sels d’argent, dans un films couleurs, sont associés à des colorants, qui vont être libéré pendant le développement. Ce sont ces colorants qui donne l’image final sur le film, les sels d’argent sont eux tous éliminé : C’est pour cela qu’on ne peut développer un film noir et blanc classique dans la chimie couleur C-41, qui reste la plus commune dans les laboratoire photos.

Les films chromogène noir et blanc, comme la Ilford XP2, fonctionnent globalement sur ce principe, à quelques détails près :

Le film utilise par exemple bien plusieurs couches d’émulsion (contre une seule pour la grande majorité des film noir et blanc classiques), ces dernières sont toutes sensibles a l’ensemble du spectre lumineux, et les “colorants” ne produisent que du noir : Plus les sels d’argent et les colorants ont réagit à la lumière, plus il noircissent, ce qui donne le même résultat au final qu’un négatif noir et blanc classique.

Question développement donc, le film se développera en machine dans de la chimie couleur C-41, qui est la plus commune (et la moins chère !) dans la plupart des labos. Tu peux faire traiter le film dans n’importe quel labo, en procédé C41, qui coûte souvent moins cher qu’un développement d’un film noir et blanc classique. N’oublie pas de préciser à ton labo qu’il s’agit d’un film C41, mais normalement, si c’est un bon labo, il connaissent déjà le film.

Il est également possible de le développer avec de la chimie noir et blanc, classique mais on tombe là dans l’expérimentation non recommandée par Ilford, et ce sera à toi d’expérimenter avec les temps de développement de la pellicule pour ton révélateur

Après le blabla technique, parlons maintenant des images. Le film possède une dynamique bien plus importante qu’un film noir et blanc classique, puisque, comme un film couleur, les différentes couches d’émulsions font que le film peut encaisser beaucoup de lumière : Sur sa fiche technique, Ilford indique que, si c’est à 400 ISO que l’on obtient les meilleurs résultats, il est possible d’exposer le film de 50 à 800 ISO sans ajustement du développement, ce qui en fait un film versatile pour les photographe averti. Pour le débutant.e.s, il pardonnera beaucoup les erreurs d’expositions, ce qui en fait le film parfait pour se lancer en photographie argentique noir et blanc.

C’est aussi pour cette raison (en plus du fait qu’il soit facilement développable par n’importe quel labo) qu’on le retrouve souvent dans des jetables de chez Ilford : Dans un jetable, pas de contrôle de vitesse ou d’ouverture, ça aide d’avoir un film qui supporte bien la surex et un légère sous ex

Le grain est également très fin, et j’ai personnellement était très impressionné par la définition du film. A bien des égard, on dirait de la Portra 400 passé en noir en blanc sous Lightroom.

Le résultat des images est, pour le coup, assez différent d’un rendu d’un film noir et blanc classique, mais je le trouve personnellement très plaisant : Le contraste du film est bon (ici, je ne l’ai que très légèrement renforcé après le scan) et les gammes de gris restent très agréables.

Question tirage, cela se passe de la même manière que pour n’importe quel film noir et blanc, avec le même procédé et les même papier.

Enfin, un gros avantage de ce film pour la numérisation maison, c’est qu’il n’empêche pas l’utilisation des procédés infrarouges de détection et suppression des rayures et poussière contrairement aux émulsion noir et blanc classique. Avec un film négatif noir et blanc classique, les résidus d’argent qui forme l’image empêche l’utilisation de l’infrarouge pour la détection et suppression des poussières : le grains d’argents reflète en effet l’infrarouge exactement comme les poussière ce qui trompe le logiciel. Comme l’image sur un négatif chromogène est faite de nuages de colorant et non de résidu d’argent, il n’y a aucun problème pour l’utiliser avec ce film, ce qui fera gagner un temps certains à celles et ceux qui scannent leur film noir et blanc à la maison.

En testant ce film, je ne savais pas du tout à quoi m’attendre, et au final, je suis très content des résultats. Alors certes, le rendu est très différent d’un film noir et blanc classique : C’est un look un peu plus moderne, avec très peu de grain, une grande dynamique et un excellente définition, mais on perd le côté granuleux et intemporel de film noir et blanc traditionnel. C’est à considérer en terme d’esthétique

Cependant, si le but est juste d’avoir des images en noir et blanc, le résultat est franchement impressionnant. C’est également un très bon film noir et blanc si tu débutes, car il pardonnera beaucoup les erreurs exposition, et tu n’auras pas de mal à trouver un labo qui te le développera pour pas trop cher.

Personnellement, j’aime beaucoup le rendu des images, même si c’est un look assez différent du noir et blanc argentique traditionnel. Pour du paysage, ou toute situation ou le contraste est difficile à gérer et où l’on a besoin d’une grande latitude, cela peut-être une très bonne pellicule !

De mon côté, je suis totalement convaincu par la Ilford XP2 Super. Facile d’utilisation, tolérante dans son exposition et abordable, elle a tout pour plaire et fera certainement son chemin jusque dans une prochaine Box Argentique !

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